Le testament d'Erminethrude (avant 576)
[…] Quant aux basiliques de Paris, voici ma décision : à la basilique Saint-Pierre, je décide de donner une cruche d'argent valant douze sous et une fibule d'or gemmée et émaillée; à la basilique Notre-Dame, j'ordonne de donner un bassin d'argent valant douze sous et une croix d'or valant sept sous; à la basilique Saint-Etienne, je veux donner un petit anneau d'or niellé, valant quatre sous; à la basilique Saint-Gervais, je prescris de donner un petit anneau d'or, portant mon nom inscrit; à la basilique Saint-Symphorien, où repose mon fils Déorovalde, de bonne mémoire, je prescris de donner un attelage valant douze sous, une selle et la charrette où j'avais l'habitude de m'asseoir, avec les bœufs, la literie et tout l'attelage en vertu de ma dévotion et pour le repos de l'âme de Déorovalde. J'ordonne de donner une autre charrette avec les bœufs et tout son attelage à l'église du vicus de Bondy. De la même façon, je prescris que l'église de Bondy, ci-dessus dite, ait la villa dont le nom est volonno, avec ses dépendances pour le salut de mon âme. A la sacro-saint cathédrale de Paris, je prescris de donner un plateau d'argent valant cinquante sous. A la basilique Sainte-Croix-et-Saint-Vincent, j'ordonne de donner dix cuillers d'argent. Je prescris de donner aux frères de la basilique Saint-Denis, pour leur mense, une literie pour un lit et un de mes vêtements assortis. Je décide de donner un autre vêtement assorti aux frères du vicus de Bondy. Le troisième vêtement assorti, j'ordonne de le donner au vicus Emilia. De même pour le salut de mon âme et à la demande de mon fils Déorovaldus, de bonne mémoire, j'ordonne de donner la villa appelée Lagny, située sur le territoire de Meaux, avec les champs, les colons qui en dépendent, les prairies, les pâturages, les forêts, en toute propriété, à perpétuité et dans son intégralité, à la basilique Saint-Symphorien, où est la sépulture de mon fils Déorovalde, nommé ci-dessus, pour le repos de son âme et parce qu'elle était dans sa part. De même, j'ordonne que la basilique Saint-Symphorien, nommé ci-dessus, ait le porcher nommé Gundilane, avec le troupeau de porcs et Baudomere avec le troupeau de moutons et le troupeau de bêtes de trait que sont dans la villa de Lagny, inscrite ci-dessus. J'ordonne que Goderico et Gunderico travaillent dans la villa nommé ci-dessus, que j'ai léguée à la basilique Saint-Symphorien, pour que chaque jour soit apportées des offrandes à la basilique. Que Baudulf et Suintharius travaillent aussi avec les bœufs pour faire des offrandes à la basilique St-Symphorien pour le repos de Déorovalde. D'autre part, je donne une pièce de vigne située à Thorigny et que cultive Pispo à la basilique St-Georges de Chelles. Une pièce de vigne sur le mont Buxata cultivée par Juvius à l'église de Bondy. J'ordonne de donner la vigne que cultive Vuassion avec Vuassion lui-même, et la vigne que Sindedus cultive sur le mont Maurilion, et l'esclave Theudoaldo qui devra cultiver ces mêmes vignes en même temps, le tout pour offrandes quotidiennes à St-Symphorien. La pièce de vigne que cultive Leudefred a St-Martin de Sevran.
Pour les esclaves dont je cite le nom dans mon testament… (suit une liste de 45 noms)… j'ordonne qu'ils soient tous libres, hommes et femmes, avec tout leur pécule, aussi bien leurs petits terrains, leurs petites cabanes, leurs petits jardins et leurs petites vignes et avec ceci, tout ce qu'ils paraissent posséder et tout domaine et qu'ils aient dorénavant la libre possibilité de faire ce qu'ils voudront. Que Mummolane soit libre avec son pécule à seule condition d'entretenir le luminaire de Bondy; que Vualachar soit libre avec tout son pécule et ses bœufs, à condition qu'il procure du bois en offrande. Que Gundefred soit libre, mais travaille avec ses bœufs pour l'achat de cire de St-Symphorien. Que Martinien, Théoderone et leur premier fils soient libres. Que ceux dont les noms suivent soient libres, avec leur pécule, leurs petits terrains, leurs petites cabanes, leurs petites vignes et leurs petits jardins (suivent 20 noms), pour le salut de mon âme et selon le vœu de mon fils.
Ainsi je donne, ainsi je lègue, ainsi je fais mon testament, ainsi, quirites, portez témoignage pour moi la testatrice… Fait à Paris … Signum Erminethrude, testatrice; mummolus comes [comte], sur la demande et en présence d'Erminethrude.
Traduction F. Le Porzou, cit. in P. Perin, col. Mérovingiennes du musée Carnavalet, Paris, 1985, p. 823-826, et dans Un village au temps de Charlemagne, catalogue d'exposition, RMN, Paris, 1988, p. 103-105.
Plan de Paris d'après R. Mussot-Goulard, La naissance de la France, Paris, Perrin, 1995, p.157