samedi 31 juillet 2010

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Présenter une bibliographie

La bibliographie doit être triée de la manière suivante :

1. Encyclopédies, dictionnaires
2. Ouvrages généraux (sur le Moyen-Âge ou une période précise)
3. Ouvrages spécialisés (sur les thèmes du document à commenter)
4. Articles et sites internet

Le n.4 n'est pas obligatoire, ne mettez pas un article si vous n'en avez pas lu!

La bibliographie est toujours à rendre sur une feuille avec les titres et sous-titres du plan de votre exposé (I 1,2,3 ; II 1,2,3 ; III 1,2,3) et la problématique.

Diplomatique

Tous les actes de donatation, les testaments, les actes royaux ont une forme précise étudié par la diplomatique.

On distingue 3 éléments importants (à préciser dans une copie).

1. Le protocole : c'est l'invocation à la Trinité. Cela comprend aussi la suscription (la mention de l'auteur et sa titulature) et le salut (certains documents n'en comportent pas, comme c'est le cas pour ce testament).

2. Le texte (ou contexte). Il comprend les éléments suivants.
- Le préambule : exposé des motivations et des buts ("ne pas mourir ss testamt")
- l’exposé qui contient le contexte et la cause (ici, sa maladie)
- le dispositif qui comporte les décisions
- la clause finale, c'est-à-dire le dispositif pris pour l'application (ici, les exécuteurs testamentaires).

3. L’eschatocole (ou protocole final) mentionne l'auteur, la souscription des témoins et leur signature (ou/et leur sceau), éventuellement la souscription de la chancellerie si c'est un acte royal; la date et le lieu. L'ordre de ces éléments peut varier.

vendredi 30 juillet 2010

Palerme, chapelle royale

Lieu du trône royal, nef centrale, mur occidental


Lieu du trône royal


Détail



Absides


Abside centrale


Coupole


Blason des rois de Sicile (à partir de 1291)


Palerme, église de la Martorana

(Roger de Hauteville)

























jeudi 29 juillet 2010

Renart et Liétard

Histoire de Renart et Liétard (fin XIIe - début XIIIe s.)

Un prêtre de la Croix-en-Brie, que dieu lui donne bonne vie et ce qu'il attend, a mis soin et application à faire une nouvelle branche de Renart qui tant connaît de tromperies. Un vrai conteur témoigne de la vérité de l'histoire, car je l'ai entendu raconter, lui qui surpasse tous les conteurs d'ici jusqu'en Pouille. Il affirme le vrai de l'histoire, et pour cela, nous devons le croire.
Il advint anciennement, si l'aventure ne nous ment pas, qu'un vilain (Liétard) qui a beaucoup d'avoir (richesse), avare, économe - plus riche que Constant des Noues, que l'on tenait déjà comme riche et aisé - attela ses bœufs près d'un grand bois, dans un nouvel essart. Devant l'étendue à labourer il fut d'avis qu'il était venu trop tard ce jour-là, pourtant le jour n'était pas levé depuis longtemps. Mais le repos, la vie facile, l'inaction ne conviennent ni ne plaisent au vilain. Il n'a pas envie de rester au lit quand il voit le jour paraître car un vilain ne peut avoir ses aises : il fera plutôt un autre ouvrage. Un vilain est capable de se tuer à la tâche. Ce vilain dont je vous commence à conter la merveilleuse histoire avait huit bœufs à sa charrue. Dans toute la contrée on ne connaissait meilleurs bœufs que les siens. De tous, le meilleur s'appelait Rougel, mais il l'avait mis à bout de forces en lui faisant tirer son fumier par fortes gelées, il l'avait peiné en toutes saisons qu'il allait le pas lent, exténué par le travail. Le vilain qui était cruel et violent, parce qu'il le trouvait trop lent, le pique : "Rougel, vous êtes trop lent, pour vous j'ai souvent démenti tous mes voisins qui méprisaient mes bœufs, disant que je n'aurais pas pour vous vingt-deux sous de dan (maître) Durant même si j'avais besoin d'argent. Je leur répondais, que, par vérité, je n'en accepterais pas même trente deux au marché. Maintenant, tu sens plus le poids du journal (labourage journalier) sur tes épaules qu'aucun des sept autres et tu n'as pas encore tiré! Puisse le méchant ours te dévorer avant la fin du jour, car tu me fais perdre temps à labourer le même sillon. A la place il me faut acquérir un autre bœuf à la foire de mai (…)". Il n'y avait alentours personne d'autre que Liétard, qui était tout faible et vieux, et qui n'avait qu'un garçon (valet) sur deux pour la moitié de la saison (...). Il ne pourra plus travailler car sept bœufs ne pourront tirer la charrue, car la terre est trop résistante et dure.
(Brun l'ours l'entend, caché dans un fourré. Il sort et réclame la promesse de Liétard de lui donner Rougel. Liétard promet, mais cherche un moyen de tromper Brun l'ours). Je ne conseille à aucun seigneur au monde, s'il se saisit de son vilain et l'emprisonne pour un forfait ou une fraude sur la taille, de le laisser partir sur parole, ce n'est pas une garantie suffisante. (…) Il fit prêter serment au vilain et quitta la plaine à grande course. Il entra dans le bois, une lande touffue pour chercher des proies. Le vilain pris de colère et d'angoisse détacha ses huit bœufs pour les faire paître. (… Il se lamente). "Parti de rien j'avais en dix ans mis quelques biens de côté, j'avais amassé cent livres et plus sans parler du reste : terres, vignes, prés, bœufs et vaches, froment, vins et lards et fromages, j'en avais plus grâce à Dieu que les vilains des environs."
(… Renart entend ses plaintes et offre de l'aider). "Je suis un bon maître à plaider (avocat) sur la foi que je dois à Saint Pantaléon. A la cour de Noble le lion j'ai intenté maintes actions, et j'ai souvent transformé le droit en tort et le tort en droit : c'est l'habitude des plaideurs (… Il lui expose son plan pour tuer Brun contre récompense mais constate :) "un vilain ment volontiers tout le temps et ne pense qu'au mal" (... Liétard tue Brun, Renart lui dit :) "Enfonce lui dans la gorge le couteau de bonne forge (épée), laisse le durement saigner, sa chair sera meilleure au manger. Tu l'emporteras de nuit en cachette car tu aurais de grands dommages si le comte l'apprenait. Il te priverait de tous tes biens et pourrait t'exécuter." Lieutart rentre chez lui en chantant car il compte bien avoir de la viande d'ours dans son lardier (… il va voir sa femme) "Ma douce amie qui, après Dieu, me faites vivre, le vilain a bien raison de dire qu'il n'y a de grand malheur qui ne produise un bien, ni bien qui ne nuise quelques fois. Aussi vrai que je demande à Dieu de me donner des mûres à foison dans mon plessis (enclos) pour faire du vin de mûres qui plaise à un homme riche, je puis bien affirmer que je l'ai bien mis à l'épreuve hier soir, j'en jure par la grande fidélité que je vous dois." (…) Elle était si experte en tromperie qu'elle l'accole avec grande douceur. Sa seule guimpe valait plus chère que toute la tenue du vilain (Liétard). Elle le trouvait simplet, il n'osait ni dire ni faire de choses qui lui aurait déplu, et elle dominait le vilain parce qu'elle était femme gentille (noble)… (Ils vont chercher ensemble le corps de Brun avec leur valet Triboulet). Eloignés de la ferme de cinq ou six portées d'arc, le vilain, assis sur la selle du cheval le met au trot dans une vallée. Il a tant cheminé qu'il est arrivé à son essart. Liétard s'empresse d'appeler le valet qu'il redoute beaucoup car ils ne sont pas parents (le valet donne sa parole de ne rien dire. Ils rentrent chez eux). Il prend sa serpe et sa cognée avec lesquels il taillait ses pieux. La maison était toute près de la haie qui en faisait le tour (il va rentrer le corps). A la maison, il trouve sa femme en train de filer, elle lui dit en riant : "vous quittez le travail de bien matin!" il répond "demoiselle, pour Dieu, ne vous courroucez pas, je ne suis pas encore fou pour renoncer à travailler."
(… Liétard ne tient pas sa promesse, trompe Renart qui lui promet de se venger). Tandis que Liétard se lamente, Timert, l'âne espagnol l'entend (il lui propose de l'aider à tuer Renart, mais il échoue et Liétard retrouve à la merci de Renart qui le surprend en train de braconner et le menace de le dénoncer au comte. Liétard le supplie). "C'est sur les conseils de ma compagne que je vous ai méprisé, tel un fou. Vous pouvez me considérer comme votre serf et votre homme (vassal)… Que Dieu me maudisse si je vends désormais quoique ce soit de mon élevage. Je prendrai grand soin de vous et tout sera à votre disposition, oies, chapons et poules. Chaque jour vous aurez en abondance à volonté la viande que vous désirez. Je serai saisi de dix poussins et de Blanchart (sa poule) immédiatement, mais veillez au nom de Dieu que par vous aucun mal ne me vienne."
Je vous aurai volontiers raconté d'autres aventures de Renart, mais il ne m'en est pas loisir car une autre besogne me presse. Je veux m'appliquer à d'autres discours plus élevés, s'il plaît à Dieu de m'aider. Jamais aucun clerc qui entend raison ne me blâmera ni ne me reprendra si j'ai commis quelques fautes dans ce tout premier ouvrage, car il arrive rarement qu'on ne commette aucune erreur du début jusqu'à la fin.
Martin E., Le Roman de Renart, Paris, 1882 - 1887 (branche IX ; extraits des vers 1 à 2195)

mercredi 28 juillet 2010

Clercs et laïcs


Canterbury, cathédrale


Paris, rive gauche, XIIe s.




Paroisses parisienne, XIIe






Chartres, enclos canonial



lundi 26 juillet 2010

Saint François retables sur bois

Bonaventura Berlinghieri, 1235
Autel de l'église S. Francesco de Pescia
H.160; L.123 cm

Maestro della Croce 434 degli Uffizi, 1254-1261
Pistoia, museo civico
(prov. : église franciscaine Santa Maria del Prato,
mis en 1294 sur l'autel de la chapelle Bracciolini)
H.160; L.132 cm



Maestro del S. Francesco Bardi, ap. 1254
Florence, autel de la chapelle Bardi, église Santa Croce
H.234; L.127cm



Maestro del S. Francesco Bardi, ap. 1263
Panneau peint H.81; L.51 cm
Offices, Florence



Suiveur de Guido da Siena, c. 1275 - 1290
(prov. : église S. francesco de Colle Val d'Elsa, maitre-autel)
Sienne, pinacothèque nationale
H. 237; L. 113 cm

dimanche 25 juillet 2010

Jugement dernier de Conques
















Artistes

1. Les inscriptions des portes de bronze de Saint-Denis

Tels sont les vers inscrits sur les portes :
Qui que tu sois, si tu désires exalter la gloire des portes,
N'admire ni l'or ni la dépense mais le travail de l'oeuvre.
L'oeuvre noble resplendit, mais que cette oeuvre qui brille dans sa noblesse
Illumine les esprits afin qu'ils aillent, à travers de vraies lumières,
Vers la vraie lumière où le Christ est la vraie porte.

Quelle est cette lumière intèrieure, la porte dorée la définit ainsi :
L'esprit engourdi s'élève vers le vrai à travers les choses matérielles et,
plongé d'abord dans l'abîme, à la vue de cette lumière, il ressurgit.

Suger, De Administratione
(trad. F. Gasparri, Paris, 1996, p.117)


2. Échange de lettres entre Wibald, abbé de Stavelot, et un orfèvre. 1148

1. Frère Wibald, par la grâce de Dieu abbé de Stavelot et de Corbie dans l'Église catholique, à son cher fils G., orfèvre, salut et bénédiction.

Les hommes de ton art souvent ont l'habitude de ne point tenir leurs promesses, par la raison qu'ils acceptent plus de travaux qu'ils ne peuvent faire. La cupidité est la racine de tout mal. Mais un esprit élevé comme le tien, servi d'ailleurs par des mains habiles et illustres, échappe à tout soupçon de fausseté. Ton art commande la confiance; ton œuvre est inspirée par la vérité. L'effet répond à tes promesses et tes engagements s'accomplissent au temps fixé. Et si nous avons pensé à te rappeler tes promesses et les obligations contractées envers nous, c'est assurément en écartant la pensée que le dol et la fraude puissent avoir élu domicile auprès d'un esprit aussi distingué.

À quelle fin donc cette lettre? Simplement pour que tu t'appliques avec un soin exclusif aux travaux que nous t'avons commandés, écartant jusqu'à leur achèvement toute besogne qui pourrait y mettre obstacle. Sache donc que nous sommes prompts dans nos désirs, et ce que nous voulons, nous le voulons sans retard. Sénèque, dans son Traité des bienfaits, dit : «Celui-là donne deux fois qui donne vite. » Après celle-ci, nous nous proposons de t'écrire plus longuement du soin et de la conduite de ta maison, du régime de ta famille ainsi que des observations relatives à la direction de ta femme. Adieu.



2. Au Seigneur Wibald, par la grâce de Dieu, abbé de Stavelot et de Corbie, salut et obéissance de son serviteur G.

J'ai reçu les avertissements que tu m'adresses et qui découlent du trésor de ta bienveillance, avec autant de déférence que de plaisir. Ils ne me semblent pas moins acceptables par leur utilité et leur gravité que par l'autorité de celui qui les émet. J'ai confié à la garde de ma mémoire et je me suis bien pénétré du précepte que la bonne foi doit accompagner mon art, que mon travail doit être inspiré par la vérité, et qu'enfin mes promesses ne doivent pas être vaines.

Toutefois il n'est pas toujours possible à celui qui promet de tenir ses engagements; il dépend souvent au contraire, de celui auquel la promesse est faite d'en hâter ou d'en différer l'accomplissement. Si donc, comme tu le dis, tu es prompt dans tes désirs, et si ce que tu veux, tu veux l'obtenir sans retard, fais en sorte que je puisse courir à l'accomplissement de l'œuvre que tu désires. Car j'y cours et je continuerai à y courir, à moins que la nécessité ne m'arrête. Il faut que je te dise que ma bourse est vide et aucun de ceux que je sers par mon travail ne me donne quelque chose. Malgré les luminaires que tu as promis à ma femme je suis dans les ténèbres, et l'attente où je me trouve du bienfait annoncé, suspend celui qu'à ton tour, tu attends de moi. Et puisqu'il est dans la nature humaine de jouir doublement de l'abondance après avoir souffert du dénuement, je te prie d'apporter le remède, maintenant que tu connais la nécessité. Donne vite, afin de donner deux fois, et tu me trouveras aussi constant que fidèle, et tout dévoué au travail que tu me demandes de faire. Adieu.

Considère bien le temps qu'il y a du commencement de mai à la fête de sainte Marguerite, et de celle-ci à la fête de saint Lambert. Tu me comprends à demi-mot.

J. HELBIG, Bull. de la Gilde de Saint-Thomas et Saint-Luc, t. 111 (1874-1876), p. 211.



3. Les sculpteurs signent leurs œuvres

. Le moine Martin, admirable ouvrier en pierre, a sculpté cet ouvrage, sous l'épiscopat du grand Étienne. Tombeau de saint Lazare, Autun.

. Voici le portrait du sculpteur Arnau Catell, qui a construit un tel cloître, pour l'éternité. Sant Cugat del Vallès.

. Gilabert, qui n'est pas un inconnu, m'a sculpté. Statues, Saint-Étienne de Toulouse.

. Petrus Janitor a fait ce chapiteau, le premier. Chatillon-sur-Indre.

. Sculpté par Siméon de Raguse, habitant de Trani. Portail, cathédrale de Barletta.

. Regardez ceci, maître Sighraf. Fonts baptismaux d'Aakirkeby, île de Bornholm, Danemark. . .

. Raymond de Bianya [ou R. de Via] m'a fait et je serai statue. Pierre tombale, Elne.

. Deux fois deux étant ôtés de 1200, le sculpteur appelé Benedetto a commencé cette œuvre.

Baptistère, Parme.

. Cette œuvre est digne de grandes louanges, Jean l'a fait faire; par ce don divin, honneur et louange à Pellegrino qui a sculpté un tel ouvrage. Son œuvre resplendit partout. Candélabre, Sessa Aurunca.

Dans X. BARRAL I ALTET, La sculpture, Paris 1991, p. 84.

4. Matthieu Paris² d'après la Gesta abbatum Sancti Albani (1ère moitié XIIIe)

Il était si habile à graver l'or, l'argent et d'autres métaux, et à peindre des tableaux que l'on ne pense pas qu'il ait laissé de successeur dans le monde latin, il écrivit et illustra très magnifiquement les vies de Saint Alban, Saint Amphibalus, Saint Thomas et Saint Edmond, archevêque de Canterbury. [...] Il fut un moine religieux, un chronographe incomparable et un peintre tout à fait excellent. Il enrichit aussi le monastère de beaucoup de livres de sa main, ou émanant d'autres scribes, qui montrent suffisament combien il excellait par son savoir et son talent de peintre.
² M. paris est un moine de l'abbaye rurale anglaise de St Albans dans le Hertforshire.


5. Le labyrinthe de la cathédrale d'Amiens, 1288
(texte gravé autour de la pierre centrale)

Mémoire quand l'oeuvre de l'église de cheens fut commencé. Et comme il est écrit au milieu de la maison [de] Dédale en l'an de grâce 1220, l'oeuvre de cheens fut commencée.
L'évêque béni de ce diocèse était alors Evrard et le roi de France Louis qui fut fils de Philippe le Sage. Celui qui était maître d'oeuvre était nommé "Maître Robert" et surnommé "de Luzarches". Après lui vint Maître Thomas de Cormont et après celui-ci son fils Maître Renaut qui fit mettre, à cet endroit-ci, cette lettre [inscription] en l'an de l'Incarnation 1288.

samedi 24 juillet 2010

Être jeune

Carmina Burana 91 (Sur les prêtres)

1 Comme est solide l'armure
qui protège votre ministère pastoral!
Cependant elle tombera de vos épaules,
si d'aventure vous contrevenez à vos obligations.

2 Vous connaissez les mots de l'Écriture :
quand vous offrez de l'encens à Dieu
avec un cœur impur,
cela ne lui est pas agréable.

3 Si vous enfreignez vos vœux
en méprisant la chasteté
ou en trafiquant des choses saintes,
vous êtes des voleurs, non des pasteurs.

4 Viens ici et réponds, prêtre
dont les mains sont souillées
et qui passes fréquemment la nuit
avec une femme, dans la volupté :

5 comment peux-tu, en te levant le matin,
dire la messe et consacrer le corps du Christ ?

6 Je voudrais savoir la raison pour laquelle
tu vas aussitôt à l'autel
accomplir le saint sacrifice,
quoique tu mérites d'être battu de verges.

7 Tu mérites d'être battu de verges
pour tenir alors, comme un corbeau et non un cygne,
comme un bâtard et non un héritier légitime,
le gage sublime de l'amour du Christ.

8 Loin d'être imprégné d'esprit de chasteté,
tu as profané ton cœur et ton corps,
et c'est ainsi que tu chantes la messe
pour le salut des âmes, prêtre impur.

9 Couvert de fange et d'ordure,
tu tends les mains vers l'autel.
Et qui négliges-tu, qui offenses-tu
en t'allongeant sur ta concubine ?

10 Tel…



Carmina 37 (Sur l'air de Gédéon, extrait)

[L'auteur peste contre l'Ordre de Grandmont et ses dissensions internes]

4 Que le saint épiscopat
et le roi oint
s'inclinent devant le pouvoir
et la voix d'une bête de somme,
c'est là un mystère divin,
ou peut-être l'effet de la folie propre aux laïcs.
En tout cas leur faveur est vénale :
il n'entre pas par la porte,
celui qui les prend sous son aile protectrice.


6 Dès qu'un nigaud, après un bref enseignement,
a revêtu la cape,
il prophétise à pleine poitrine,
éructe des exégèses
et dispute avec le maître de rhétorique.
Lui se tait, étonné
que les justes soient mis à l'écart
et qu'un homme sorti de la boue
donne des leçons.


Carmina Burana, traduction d’Etienne Wolff, éditions de l’Imprimerie National, 1995
1 Brûlant, intérieurement d'une violente colère,
dans l'amertume je veux me parler à moi-même :
le matériau qui compose mon corps étant léger,
je ressemble à la feuille dont se jouent les vents.

2 En effet alors que le propre d'un homme prudent
est de bâtir ses fondations sur le roc,
moi dans ma folie je suis comme le fleuve impétueux
qui jamais ne reste à l'intérieur de ses rives.

3 Je me laisse emporter tel un bateau sans pilote
ou un oiseau qui vagabonde à travers les airs ;
aucun lien ne me retient, aucun verrou ne m'arrête,
je cherche mes semblables et fréquente les vauriens.

4 L'austérité dans les sentiments me paraît un pesant fardeau,
j'aime le badinage, plus doux qu'un rayon de miel.
Tout ce qu'ordonne Vénus est une agréable contrainte,
car elle n'habite jamais les cœurs lâches.

5 Je prends le chemin spacieux de la perdition, comme souvent la jeunesse,
le péché m'enveloppe et je néglige la vertu,
étant plus soucieux de plaisirs que de mon salut;
mon âme est morte, mais je soigne ma chair.

6 Très sage évêque, montre-toi indulgent;
je fais une bonne fin, je péris de manière délicieuse :
mon cœur est blessé par la beauté des jeunes filles,
et quand j'échoue à les posséder, je fornique du moins avec elles en esprit.

7 Il est presque impossible de vaincre sa nature,
d'avoir des pensées pures à la vue d'une jeune fille;
nous les jeunes gens ne pouvons suivre une loi si dure,
ni délaisser nos corps en pleine vigueur.

8 Qui dans un brasier ne se sent pas brûlé?
Qui garderait sa réputation de chasteté après un séjour à Pavie,
où Vénus traque du doigt les jeunes gens,
charme leurs yeux et les séduit par ses attraits?

9 Si aujourd'hui on emmenait Hippolyte à Pavie,
il ne serait plus Hippolyte le jour suivant.
Toutes les rues de cette ville conduisent à la chambre de Vénus,
et parmi tant de tours on n'en trouve pas une pour la pudeur.

10 En deuxième lieu on me reproche ma passion du jeu.
Cependant quand le jeu me laisse nu,
je grelotte extérieurement, mais mon esprit bout d'excitation :
c'est alors que je forge mes meilleurs vers et poèmes.

11 Comme troisième grief il faut mentionner la taverne :
je l'ai toujours fréquentée et continuerai
jusqu'au moment où je verrai s'approcher les saints anges
qui chantent pour les trépassés le repos éternel.

12 J'ai le dessein de mourir à la taverne,
où le vin reste proche de la bouche du mourant.
Et le chœur des anges chantera joyeusement :
« Que Dieu vienne en aide à ce buveur ! »

13 Au fond du verre s'allume la flamme de l'esprit,
le cœur imprégné de ce nectar vole vers les hauteurs célestes.
Pour ma part je préfère le vin de la taverne
à celui que coupe d'eau l'échanson de l'évêque.

14 Certains poètes fuient le contact de la foule
et choisissent de vivre dans une discrète retraite.
Ils travaillent sans relâche, veillent, se donnent beaucoup de mal,
et ne parviennent pourtant pas à produire quelque chose d'illustre.

15 Ils jeûnent et pratiquent l'abstinence,
évitent les querelles publiques et le tumulte des rues,
et pour créer une œuvre immortelle,
se tuent eux-mêmes à la tâche comme des esclaves.

16 Les vers que je fais ressemblent au vin que je bois,
et je ne suis capable de rien si je n'ai pas mangé;
ce que j'écris à jeun n'a pas la moindre valeur,
mais après plusieurs verres je surpasse de loin Ovide.

17 Le souffle poétique ne me vient jamais
tant que mon ventre n'est pas bien rempli;
c'est seulement lorsque Bacchus gouverne la citadelle de mon cerveau
que Phébus pénètre en moi et me dicte des choses admirables.

18 Chacun reçoit de la nature un don particulier :
moi je n'ai jamais pu écrire à jeun;
un enfant alors, même sans aide, ferait mieux que moi.
Aussi je hais comme la mort la soif et la faim.

19 Chacun reçoit de la nature un don particulier :
je compose mes vers en buvant du bon vin,
le plus fin que contiennent les tonneaux de la taverne;
il me fournit les mots en abondance.

20 Voilà, j'ai révélé moi-même mon abjection,
tout ce dont tes serviteurs me blâment,
mais je n'ai accusé aucun d'eux,
quoique volontiers ils s'amusent et jouissent de leur prospérité.

21 Maintenant donc, en la présence de notre bienheureux évêque
et selon la règle édictée par le Seigneur,
qu'il me jette la pierre et accable le poète,
celui qui n'est pas coupable d'un seul péché.

22 J'ai dit contre moi tout ce que je savais,
et vomi le poison que je caressais depuis si longtemps.
Je renie mon ancienne existence et veux me réformer;
car l'homme regarde à l'apparence, mais Dieu voit le cœur.

23 Oui j'aime la vertu et abhorre le vice.
Régénéré, je renais en l'esprit;
comme un petit enfant je me nourris de lait frais,
pour que mon cœur ne soit plus un vase de vanité.

24 Prélat élu de Cologne, épargne un indigent,
aie pitié du serviteur qui t'implore,
accepte ma confession et inflige-moi une pénitence.
Je ferai sans rechigner tout ce que tu m'ordonneras.

25 Viens en aide à ceux qui t'obéissent et oublie ta colère.
Le lion, roi des animaux, pardonne quand on se soumet :
faites-en donc autant, vous, les princes de la terre;
car ce qui manque de douceur est vraiment trop amer.

26 Comme ta réputation s'est largement répandue,
mes propos n'ont besoin que de concorder avec la vérité.
Il serait stupide de retoucher un beau tableau
ou de semer dans un champ déjà ensemencé.

27 Donc, emporté par la gloire éclatante qui te précède
je suis venu, non pour lancer sans mesure des mots aux vents,
mais afin de recevoir d'un cœur qui l'offre
- conformément au précepte du Seigneur - la rosée du pardon.

28 Examine si tu veux me garder auprès de toi.
Je crois avoir des capacités pour rédiger les lettres
et, quand il y aura du travail pressant à faire,
je pourrai m'acquitter de ta correspondance.

29 Si tu refuses, exauce du moins cette prière :
allège dans ta bonté le fardeau de ma pauvreté
et, pour me libérer de mes soucis matériels,
veille à m'accorder quelque subside.

30 Mon père, j'ai embrassé beaucoup de choses en peu de mots,
parce qu'il sied à des lettrés de s'exprimer avec concision.
J'ai aussi décidé de ne pas m'étendre davantage,
pour couper court aux reproches de flatterie.


Carmina Burana, traduction d’Etienne Wolff, éditions de l’Imprimerie Nationale, 1995

vendredi 23 juillet 2010

Chronologie XII - XIIIe siècle

- 1095 : Urbain II prêche la croisade à Clermont
- 1098 : fondation de l'ordre des cisterciens par Robert de Molesmes
- 1120 : création de l'ordre de Prémontré par Norbert de Xanten (chanoines réguliers)
- 1122 : concordat de Worms
- 1144 – 1146 : grande famine en Occident
- 1147 – 1149 : 2e croisade
- 1162 : grande famine en Occident
- 1163 – 1260 : construction de Notre-Dame
- 1178 - 1180 : procès d'Henri le Lion (cités par les nobles Saxons pour rupture de paix)
- 1189 – 1192 : 3e croisade (Philippe Auguste et Richard cœur de lion)
- 1194 : cathédrale de Chartres
- 1202 – 1204 : 4e croisade
- 1209 : concile d'Avignon interdit jeux et danses dans les églises
- 1209 – 1229 : 1ere croisade contre les Albigeois (Traité de Paris en 1229)
- 1214 : bataille de Bouvines
- 1215 : Grande Charte (Jean sans terre roi)
- 1216 : création des Dominicains par Dominique de Guzman (Frères prêcheurs)
- 1217 – 1221 : 5e croisade
- 1221 : St François d'Assise crée la 1ère Règle des frères mineures (Ordre créé officiellement par le pape en 1223)
- 1224 – 1226 : grande famine en Occident
- 1228 – 1229 : 6e croisade
- 1229 – 1250 : croisade contre les Albigeois (1244 : bûcher de Montségur)
- 1231 : inquisition pontificale créée par Grégoire IX
- 1242 - 1248 : construction de la Sainte Chapelle
- 1248 – 1254 : 7e croisade (1250 : capture de St Louis)
- 1252 – 1260 : conflit à l'Université entre maîtres séculiers (Rutebeuf les soutient) et les ordres mendiants (st Louis les appuie)
- 1260 : interdiction des duels judiciaires (Louis IX)

jeudi 22 juillet 2010

Rois des Francs / rois de France

Rois des Francs (Capétiens)
- Philippe 1er 1060 – 1108
- Louis VI le Gros 1108 – 1137
- Louis VII le Jeune 1137 – 1180
Rois de France
- Philippe II Auguste 1180 - 1223
- Louis VIII le Lion 1223 - 1226
- Louis IX 1226 – 1270
(Régence de Blanche de Castille de 1226 à 1235)
- Philippe III le hardi 1270 - 1285
- Philippe IV le Bel 1285 – 1314

mercredi 21 juillet 2010

Cartes médiévales (XII - XVIème)



Mappemonde dans le Beatus de Turin, 1100-1125, BN Turin






Mappemonde d'Henri de Mayence, c1180, manuscrit d'Honorius Augustodunensis (imagine mundi), Cambridge. Provient de l'abbaye cistercienne de Sawley (Yorkshire)

Mappemonde dans le Béatus du Monastère de San Andrés de Arroyo, 1210-1220


Mappemonde d'Ebstorf, Gilbert de Tilbury (?), c1235, 358x356cm
Copies d'après original brûlé au XIXème s. Oeuvre réalisée pour le cloître du couvent des bénédictines d'Ebstorf (Allemagne)

Matthew Paris, Itinéraire de Londres à Jérusalem, c.1252, British Library
Texte : Lundres, la cite de Lundres ki est chef dengleterre. Brutus ki primes inhabita engleterre, la funda e l’apela Troie la nuvele (suivent le nom de la Tamise et d'églises). Rovecestre. Lewe de Medeweie. Kent. Cantebire, chef de iglises de engleterre. Labbeie Sci.Augustin. Le chastel de Dovre, lentree e la clef de la rcihe Isle de engleterre [entre chaque, indication du temps de trajet en journée]. Colonne de droite : Witsand port de mer. Notre-Dame de Boulogne, Caleis ...

M. Paris, c. 1252, British Library
Carte pisane, Gênes (?), c 1290, 100x50 cm
BNF



Mappemonde d'Hereford, par Richard de Haldingham ou de Lafford
Cathédrale d'Hereford, 133x158 cm, c. 1280 (à usage probable des pélerins)

Mappemonde d'Andrea Bianco, atlas du monde, 1436. 29x38 cm

Carte de Fra Mauro, cosmographe, camaldule, 1459
Exécuté pour le monastère S Michel de Murano, sous la direction d'Alphonse V du Portugal


Portulan dit de Christophe Colomb, vers 1490

Portulan de Juan de la Cosa, c 1500, Musée naval, Madrid
96X183cm ; pour Ferdinand II d'Aragon, déposé à la casa de contractation (maison de la navigation)de Séville

Portulan de Giacomo da Maggiolo, c 1563, BNF
carte de prestige pour un riche commanditaire

Reliquaire de Sainte Foy de Conques

Vue générale de dos


Vue générale de face



Visage provenant d'une tête masculine sculptée (Antiquité tardive)
Boucles d'oreilles du Xème s (provenance probable : empire byzantin)

Sommet de la couronne (intailles romaines)


Torse et ventre


Vierge gothique située entre les cuisses de sainte Foy


médaillon gothique représentant l'Agneau de Dieu (bas de la robe)