mercredi 21 juillet 2010
Dijon au VIème s
DIJON AU VI° SIECLE
A cette époque, le Bienheureux Grégoire (1) résidait dans la ville de Langres. C'était un grand évêque de Dieu, célèbre par ses miracles et ses vertus. Mais puisque nous faisons allusion à ce pontife, j'ai pensé qu'on me saura gré d'insérer dans ce chapitre une description de la localité de Dijon où il résidait le plus souvent. C'est une place forte munie de murs très puissants au milieu d'une plaine très agréable ; les terres y sont fertiles et fécondes si bien qu'après avoir passé la charrue dans les champs une seule fois on jette les semences et qu'une grande et opulente récolte vient ensuite. Au midi il y a la rivière de l'Ouche qui est très riche en poissons : du côté du nord pénètre une autre petite rivière qui, entrant dans une porte et coulant sous un pont, ressort par une autre porte ; après avoir arrosé tout le tour de l'enceinte de son onde placide elle fait tourner devant les portes des moulins avec une prodigieuse vélocité. Quatre portes ont été placées aux quatre coins du monde et trente trois tours ornent toute l'enceinte; le mur de celle-ci a été édifié avec des pierres de taille jusqu'à une hauteur de vingt pieds et au-dessus en pierraille; il a trente pieds de hauteur et quinze pieds de largeur (2). J'ignore pourquoi cette localité n'a pas été qualifiée de cité. Elle a autour d'elle des sources précieuses. Du côté de l'occident il y a des collines très fertiles et remplies de vignes qui fournissent un si noble falerne aux habitants qu'ils dédaignent le vin D'Ascalon. Les anciens racontent que la localité a été édifiée par l'empereur Aurélien (3).
Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Livre III, chap. 19 (tr. Latouche, éditions Belles Lettres)
(1) Grégoire de Langres, d'abord comte puis évêque était le bisaïeul de Grégoire de Tours. (2) Le pied romain mesure 0,296 m, le mur a 4,44 m de large, le gros appareil va jusqu'à 6.50 m, la pierraille le continue, jusqu'à 9,50 m. (3) Aurelien (270-275).