Au nom du Père,
du Fils et du Saint Esprit, amen. Je, Louis, comte de Blois et de Clermont, veut
faire savoir en l’honneur de Dieu et pour l’utilité du pays (utilitas patriæ) à
tous présents et à venir que, par amour de Dieu et pour le salut de mon âme, de
l’âme de mon bon père, le comte Thibaud d’heureuse mémoire, et de l’âme de mes
prédécesseurs (antecessores), avec l’approbation et le consentement de dame la
comtesse Alix, ma mère, de mon épouse Catherine, de mon frère Philippe et de
mes soeurs Marguerite, Isabelle et Alix, étant sauf le droit des églises et des
chevaliers (milites),
[1] tous les
hommes habitant (manentes) à Blois et dans la banlieue (banliva) de Blois qui
me doivent la taille, ainsi que leurs héritiers, seront tenus par moi
complètement quittes à l’avenir et reconnus exempts de la taille, de la
maletôte (ablatio), de l’emprunt et du prêt forcé ;
[2] quiconque
aura un hébergement (herberiagium) à Blois ou dans la banlieue de Blois paiera seulement
chaque année 5 sous blésois, et il paiera également 5 sous pour chaque maison
(domus) qu’il possédera outre son hébergement, à l’exception des pressoirs – à
moins que les détenteurs (domini) y habitent (manere) ou qu’ils le louent à des
tiers ;
[3] si
l’hébergement vient à être divisé, il sera payé autant de fois 5 sous qu’il aura
été formé de maisons séparées ;
[4] si une
maison s’écroule de telle façon que l’emplacement reste vide, je ne prendrai
rien jusqu’à ce qu’une maison soit de nouveau élevée sur cet emplacement ;
[5] ce cens
(censa) sera remis (reddere) à moi ou à mon mandataire le jour de la fête de
saint Hilaire [le 13 janvier] ; s’il
manque quelque chose de ce cens qui doit m’être remis ce jour-là, ce qui
manquera sera doublé et me sera rendu le lendemain en commun (communiter) par
les bourgeois (burgenses) ;
[6] si les
pauvres (pauperes) se plaignent d’avoir été trop chargés, il leur sera accordé
une dispense d’après l’avis et la
décision des bons hommes (boni viri) qui formeront le conseil de la ville (consilium
villæ) ;
[7] je tiens
quittes et je délivre entièrement de tout joug de ma servitude tous ceux,
habitant à Blois et dans la banlieue, qui étaient de condition servile (servili
conditio) envers moi, leurs héritiers et leurs tenures ;
[8] quiconque
veut vendre ce qu’il possède, qu’il le vende ; et s’il veut s’éloigner de la
ville, qu’il se retire franc et quitte, à moins qu’il n’ait commis un délit ;
et s’il a commis un délit, il l’amendera avant de s’éloigner, selon le jugement
de la ville (ad judicium villæ) ;
[9] quiconque
sera venu à Blois ou dans la banlieue de Blois pour y habiter pourra y habiter
en remplissant ses obligations (justiciam faciendo) selon les coutumes de la
ville ;
[10] les délits
commis dans les vignes, les prairies, les vergers, les jardins,
m’appartiendront comme auparavant ; […]
[18] quiconque
aura son bien (possessio) à Blois ou dans la banlieue n’en perdra rien, pour quelque
délit que ce soit, avant d’avoir pu comparaître en justice ;
[19] nul ne
demeurant à Blois ou dans la banlieue ne fera pour moi le bian (biennum²) ou la
corvée (corvata) hors de Blois [² Initialement, devoir d’entretien bisannuel
(d’où bidannum bian) du château comtal, élargi ensuite à diverses prestations
en travail non agricole (par opposition à « corvée »)].
[20] les habitants seront comme par le passé
tenus envers moi au service militaire et, partout où je le voudrai, ils
prendront part aux expéditions dirigées soit par moi, soit par mon mandataire, toutes
les fois qu’ils en seront requis ; […]
[23] les
meuniers recevront au poids les blés à moudre et les rendront au même poids ;
[24] nul
n’achètera quoi que ce soit pour le revendre avant tierce ;
[25] je conserve
le droit dont je jouis de vendre mon vin par manière de ban (ad bannum) ;
[26] toutes les
fois que le prévôt (prepositus) de Blois, ou mes sergents (servientes), ou le châtelain
(custos turris), qu’il soit chevalier ou sergent, prendront possession de leur
office, chacun d’eux jurera (jurare) à son tour qu’il gardera fermement et de
bonne foi toutes ces coutumes. J’ai en outre juré de ma propre main de les
respecter fermement et fidèlement et, à ma demande (preceptum), ont juré [noms
de 16 vassaux]. Les témoins sont [8 clercs, 6 laïcs].
Fait
publiquement à Blois en ma cour (curia) et juré avec bonheur (feliciter) en
commun par le peuple de Blois et affermi par un serment solennel (sacramentum).
Afin qu’elle ne soit pas infirmée par la malice de ceux qui viendront ensuite,
j’ai fait faire ces lettres et les ai fait confirmer de mon sceau. Donné l’an
de l’incarnation du Seigneur mil cent quatre-vingt-seize, par la main de mon chancelier
Thibaud, le septième jour de juin.
Source : copie du XVe siècle, éd.
dans le Cartulaire de la ville de Blois, éd. Jacques Soyer, Guy Trouillard,
Blois, 1903, p. 51-58 (traduit du latin).