mercredi 21 juillet 2010

Cîteaux

Les débuts de Cîteaux d'après le "petit exorde" (1)
L'an de l'Incarnation du Seigneur 1098, Robert - d'heureuse mémoire, premier abbé de l'église de Molesme établie dans l'évêché de Langres - et quelques frères de ce monastère vinrent trouver le vénérable Hugues, alors légat du Siège apostolique et archevêque de l'église de Lyon. Promettant d'ordonner leur vie dans l'observance de la sainte Règle de notre père saint Benoit, ils le supplièrent inlassablement de leur apporter, pour que ce projet aboutisse plus facilement, la force de son appui et de son autorité apostolique. Le légat fut heureux de favoriser leur souhait […].
Sortie des moines cisterciens hors de Molesme. Leur arrivée à Cîteaux.
Cela fait, forts d'une approbation de cette importance, ledit abbé et les siens revinrent à Molesme. Parmi les frères de la communauté religieuse, ils se choisirent des compagnons ayant fait vœu de suivre la Règle en nombre tel que, en ajoutant à ceux qui avaient parlé au légat à Lyon, ceux qu'on avait choisi au monastère, ils soient vingt et un. Et c'est avec le renfort de ces compagnons qu'ils gagnèrent rapidement la solitude appelée Cîteaux. Ce lieu du diocèse de Chalon, densément couvert alors de bois et d'épines, n'était pas coutumier du passage des hommes et les bêtes sauvages seules l'habitaient. Quand ils y furent, ces hommes de Dieu comprirent que ce lieu était d'autant plus propice au style de vie religieuse qu'ils avaient désormais élaboré dans leur esprit et en vue duquel ils étaient venus là, qu'il était plus dédaigné par les laïcs et plus inaccessible. Une fois taillée et écartée la masse touffue des bois et des ronces, sur l'ordre de l'évêque de Chalon et avec l'autorisation du maître du lieu, ils entreprirent de construire, la-même, un monastère.
Quand ils résidaient encore à Molesme, ces moines, poussés par la grâce de Dieu, parlaient souvent entre eux en effet des infractions à la Règle du bienheureux Benoît, père des moines, ils s'en lamentaient, s'en attristaient en voyant qu'ils ne se conformaient pas à cette Règle - que, dans leur profession solennelle, ils avaient, eux et les autres moines, promis d'observer - allant pour cette raison délibérément au-devant du crime de parjure. C'est bien pourquoi, comme nous l'avons rapporté plus haut, avec l'autorisation du légat du Siège apostolique, ils gagnèrent cette solitude pour accomplir leur profession par l'observance de la Sainte Règle. Alors le sire Eudes, duc de Bourgogne, séduit par leur sainte ferveur et sollicité par une lettre dudit légat de la sainte Eglise romaine, acheva à ses frais le monastère de bois commencé par eux, les défraya longtemps de tout le nécessaire et les aida par des dons abondants en terres et en troupeaux.
Exordium parvum, éd. Migne, Patrologie Latine, t. 166, col. 1502-1503; 1507.
(1) un exorde est la 1ère partie d'un discours